Pourquoi équiper ?

D’aucun diront que si les équipeurs ouvrent des voies, c’est pour la notoriété, afin d’avoir son nom marqué dans un topo ou une revue… Raisonnement idiot de jaloux. S’il est possible qu’il existe des équipeurs ayant de si basses motivations, je vous le dis, ils sont rarissimes. Pour avoir de tels propos, il faut ne jamais avoir équipé de voie. Quand on sait la fatigue (bien plus grande qu’après une journée d’escalade en général), voire l’épuisement, qu’occasionne une journée d’équipement, quand on connaît les galères pour atteindre le sommet des voies (équipement depuis le haut), quand on connaît le stress de l’ouverture depuis le bas, quand on connaît les sacs plus que lourds, les brûlures par la mèche du perfo, la poussière plein la figure, les oreilles et les narines, les heures ou les journées à brosser, nettoyer, purger, quand on sait le danger lors du repérage (chutes de pierres, risques de couper la corde), alors on sait que les motivations sont toutes autres.

L’équipeur est habité par une passion de création généralement altruiste, tout simplement pour offrir de nouvelles voies aux grimpeurs. La plupart des équipeurs sont bénévoles. Si, de nos jours, ils achètent rarement le matériel eux-mêmes (les clubs ou autres associations fournissent), les journées ou semaines d’équipement sont prises sur leur temps libre, et les frais de déplacement sortent de leur poche.

Temps nécessaire pour équiper et nettoyer une longueur : Une demi-journée à trois jours en général.

L’équipeur participe aussi au rééquipement des anciennes voies. C’est un travail utile, moins valorisant que l’équipement de nouvelles voies.

Du haut ou du bas ?

Il existe deux approches de l’équipement d’une voie :

L’équipement du haut : Le grimpeur accède à pieds au sommet de la falaise, où il installe la corde qui lui permettra d’équiper. Pour les moulinettes, cette option est habituellement choisie. On peut donc facilement travailler seul et dans de bonnes conditions de sécurité. Cette méthode permet de vérifier, avant l’équipement, la possibilité de passage en libre avec les prises existantes.

L’ouverture du bas : Une cordée (parfois un grimpeur en solo auto-assuré), part du bas de la falaise et progresse en posant les points à la montée, en découvrant l’itinéraire au fur et à mesure. L’ouvreur utilise en général des coinceurs et pitons pour protéger son ascension ou pour se « vacher » afin de planter un goujon. Souvent, il s’arrêtera même plutôt sur un crochet. Cette technique est très aventureuse et l’on risque de grosses chutes avec un perforateur dans les mains. C’est pourquoi elle est utilisée essentiellement en terrain d’aventure. Mais il existe de grandes falaises où l’escalade se rapproche plus d’une approche sportive. Dans ces falaises, l’une où l’autre des approches est utilisée. L’ouverture du bas correspond à une éthique proche de l’alpinisme qui mérite du courage et procure de fortes sensations. Le gros inconvénient de cette méthode, si l’on recherche de l’escalade libre : On peut buter sur une section sans prises ou d’un niveau très nettement supérieur au reste de la voie.

La taille des prises

C’est un sujet à polémique.

Ne pas tailler (ou coller) de prise implique d’avoir moins de voies (on s’interdit parfois de superbes lignes où il ne manque qu’une ou deux prises) ou bien des voies comportant de gros pas de bloc (mais pourquoi ne faudrait-il que des voies homogènes ?).

Tailler des prises, c’est abîmer ce que la nature nous offre (même si on l’abîme déjà avec les points d’assurances, le nettoyage et la magnésie). Les prises naturelles offrent plus d’esthétisme, généralement plus d’adhérence et souvent une gestuelle plus recherchée que les prises taillées ou rapportées. Mais le reproche majeur que je ferai à cette pratique, c’est de détruire des lignes de très haut niveau. Au fil des années, les grimpeurs au top deviennent de plus en plus forts mais les voies en 8c, 8c+, 9a, 9a+… sont rares. Aussi serait-il dommageable de se priver de ce potentiel. Il faut savoir que de nombreuses voies, comportant des prises taillées ou rapportées, sont réalisables uniquement avec les prises naturelles (et dans n’importe quel niveau). Parfois au prix d’une difficulté bien supérieure, parfois sans changer la cotation et c’est vraiment rageant. Qui peut être sûr qu’une ligne naturelle ne sera jamais gravie ? Probablement pas un grimpeur de niveau moyen. Mais même un grimpeur de haut niveau peut se tromper, il suffit qu’il n’ait pas pensé à une méthode. Si toutefois vous pensez qu’une voie doit être bricolée, essayez de faire quelque chose d’esthétique (camouflage du bricolage, mouvements pas trop basiques) et pensez aux petits.

COMMENT ÉQUIPER ?

Voici la procédure à adopter pour l’équipement d’une voie.

Le rééquipement utilise la même procédure, à l’exception du repérage. On utilisera bien sûr les points existants pour placer la corde, ce qui facilite grandement le travail. Avant de rééquiper une voie, si on veut faire du bon travail, il est indispensable de gravir la voie afin d’optimiser l’emplacement des nouveaux points et de corriger d’éventuelles erreurs (Il serait dommage, par exemple, de placer le nouveau point plus à droite si l’ancien l’est déjà trop !).

1 – Trouver un secteur ou une ligne.

On peut repérer une ligne dans une falaise déjà existante. Dans ce cas il faut veiller à ce que celle-ci ne soit pas trop proche des voisines (en s’autorisant toutes les prises, il ne doit pas y en avoir qui soit utilisées par les voies contiguës).

Si on découvre un site vierge, il faut préalablement se rendre compte de l’intérêt du site. Inutile de se lancer dans un travail d’envergure si c’est pour offrir une falaise qui ne sera pas fréquentée : à cause d’un trop petit nombre de voies, de la faible hauteur de celles-ci, de la mauvaise qualité de rocher, d’une escalade inesthétique, voire du manque de confort au pied. C’est particulièrement dans les falaises faciles que la fréquentation devra être soutenue afin d’éviter que les touffes d’herbe, laborieusement enlevées, ne repoussent.

2 – Avoir l'autorisation

Une falaise ne doit pas être équipée sans autorisation. L’accès aussi ne doit pas être interdit (attention aux traversées de propriétés privées). Il faut commencer par connaître le ou les propriétaires. Le mieux est de consulter le cadastre en mairie de la commune.

Attention, dans une falaise déjà équipée, il peut y avoir un secteur laissé volontairement vierge car interdit ou bien, même sans acte d’interdiction, afin de protéger la faune ou la flore. Renseignez-vous auprès des personnes ayant déjà équipé dans cette falaise.

3 – Installer une corde

C’est le plus dangereux, à moins que l’on profite d’une voie proche pour atteindre l’endroit désiré. Il faut d’abord atteindre le haut de la falaise, ce qui est parfois laborieux car il n’y a en général pas de chemin qui y mène. Une fois là haut, le problème, c’est qu’on ne sait plus où l’on se trouve. Il va donc falloir descendre une première fois suffisamment bas pour se repérer, remonter, déplacer la corde, redescendre à nouveau… Au bout de trois à quatre allers-retours en moyenne, on y est. Ouf ! car s’il y a des pentes raides au-dessus du sommet des voies, les remontées sur la corde atteignent vite les 100 m. Pour installer une corde, il faut des amarrages. On profitera utilement des éventuels arbres en place : Ils doivent être gros et bien enracinés (on peut faire un amarrage sur un groupe d’arbres pour plus de sûreté). Sinon, il faudra utiliser le rocher : Lunules ou pose d’un relais provisoire. Il faut être très attentif ensuite, au fur et à mesure que l’on descend, même lors des premières descentes permettant la localisation de la ligne : Jeter ou éloigner toutes les pierres instables (s’assurer avant qu’il n’y ait personne en dessous), souvent sous des feuilles mortes ou dans l’herbe, que la corde risque de faire tomber lorsqu’on sera plus bas (éviter les pendules qui peuvent solliciter des zones non purgées) ; Ne pas faire passer la corde sur les arêtes coupantes ou sur de gros blocs douteux. Il est fortement conseillé, en cas de pierres instables ou coupantes, d’installer des fractionnements tous les 10 à 15 m en descendant, c’est à dire de fixer la corde sur un ancrage solide (sangle avec mousqueton autour d’un arbre, plaquette avec goujon de 8 mm minimum) : Poser l’ancrage, se  » vacher  » dessus tout en laissant la corde dans le descendeur, remonter suffisamment de corde pour la fixer sur l’ancrage en amont du descendeur à l’aide d’un nœud en huit ou cabestan. Si la falaise est déversante, il faut poser des points provisoires pour se rapprocher. On utilisera dans la mesure du possible coinceurs, lunules et pitons, à défaut des petits goujons (6 à 8 mm de diamètre) que l’on cassera ensuite.

4 - Méthodes pour monter et descendre la corde

La plus pratique, lorsqu’on a à monter et descendre fréquemment sans poser pied à terre,  c’est d’utiliser un bloqueur qui permet d ‘aller dans les deux sens. Les grimpeurs utilisent en général un Grigri. Il est utilisé comme descendeur puisqu’il n’y a qu’un brin de corde. Dès qu’on veut remonter, il suffit de fixer un autobloquant (nœud de cordelette ou mieux : poignée de Jumar), avec une grande sangle en guise d’étrier, au-dessus du Grigri : Quand on est pendu sur le Grigri, on remonte l’autobloquant, quand on est debout dans l’étrier, on remonte le Grigri. Inconvénient de la méthode : Si la corde est raide et s’il y en a une grande longueur à remonter, il est pénible de remonter le Grigri.

Autre solution : Utiliser un descendeur quelconque pour la descente, avec un autobloquant de sécurité si le descendeur n’a pas cette fonction (par exemple un « Réverso » plutôt qu’un Grigri). Utiliser deux autobloquants quelconques pour la montée fixé à l ‘attache du baudrier, l’autre, en amont, avec l’étrier. En choisissant cette solution, si on ne pose pas pied à terre, il faut se « vacher » sur un autobloquant ou un point d ‘assurance afin de remplacer le descendeur par un autobloquant dès qu’on veut remonter… et inversement si on redescend.

5 – Repérer l'itinéraire

Le but est de chercher l’itinéraire logique, c ‘est à dire le plus facile, quitte à naviguer de ci de là. Sinon, les grimpeurs risquent de débuter dans une voie… et de finir dans celle d’à côté. On commence donc par un repérage grossier, où il est déjà nécessaire de nettoyer au moins tout ce qui pourrait cacher des prises (herbe, lierre, bloc instable). En dalle, on peut penduler facilement à droite et à gauche afin de tâter les prises. En dévers, il est conseillé de faire un premier passage sans toucher le rocher, de remonter pour ensuite redescendre en plaçant des points provisoires dans l’itinéraire suspecté. Il est ensuite important d ‘essayer les mouvements afin d’être sûr que la voie est possible en libre. Ne pas hésiter à essayer des itinéraires différents pour choisir le plus facile, même si c’est fatiguant de monter et descendre souvent, même si en dévers, il faut installer des points provisoires qui ne serviront ensuite pas à l’équipement.

6 – Nettoyage

Les falaises où le nettoyage ne s’impose pas sont rares, surtout en Haute-Savoie. C ‘est une étape importante, pour une question :

De sécurité : Il faut éliminer si possible toutes les pierres instables et prises peu solides. On peu en consolider avec de la colle si on a peur de tout enlever ! On utilise bien sûr des résines et non de la Superglue : Sikadur 31+ ou autre colle selon la couleur du rocher. Merci de faire ça proprement : essuyer les bavures et lisser (avec les doigts recouverts d’un chiffon), éviter la colle visible, la recouvrir avant séchage avec de la poussière. Un collage solide doit avoir une surface de plusieurs centimètres carrés. Il est parfois nécessaire de casser la prise avant de la remettre avec une bonne surface de collage. Pour consolider une écaille, on peut glisser un ou plusieurs cailloux, soigneusement choisis, entre les deux surfaces à joindre, préalablement recouvertes de colle : ça évite de passer trois tonnes de résine !

De confort : Qu’il est pénible de tomber quand les prises nous restent dans les doigts. Qu’il est démotivant de grimper sur un rocher sale où les prises sont intenables tellement elles sont poussiéreuses. Une voie sale ne sera pas parcourue. Une voie mal nettoyée sera peu parcourue, deviendra poussiéreuse puis ne sera plus parcourue.

Le nettoyage est souvent la partie la plus pénible de l’équipement. Il faut supprimer toutes les pierres instables ou douteuses, surtout les très gros blocs ou écailles, qui nécessiteront peut-être un pied de biche ou une barre à mine. Si on doit supprimer des touffes d’herbe, il faut enlever un maximum de terre et de racines, si on ne veut pas qu’elle repousse trop vite. C’est difficile. Il faut d ‘abord enlever le maximum avec divers outils métalliques (piton, cuillère, piolet, couteau, tournevis…) puis y revenir pour finir en brossage quand la terre a séché. Brosser le lichen est souvent indispensable, surtout sur les rochers gris et noirs. Le nettoyage ne doit pas concerner que les prises utilisées, sinon, on est sûr d’en oublier pour ceux qui grimpent « à vue », mais un maximum de surface autour de la voie. On peut utiliser un balai brosse pour faire le plus gros, puis finir avec une brosse à poils durs et une brosse à dent. Le brossage et le nettoyage de la terre sont très salissants car la grosse poussière tombe et la fine s’envole : On est presque sûr d ‘en prendre plein les narines… masque antipoussière conseillé. Parmi les longueurs que j’ai équipées, certaines ont nécessité 6 h de nettoyage pour obtenir un résultat presque impeccable et donc apprécié.

7 – Décider de l 'emplacement des points.

L’emplacement des points doit répondre à différents critères :

Éviter les mauvaises chutes, donc surtout les chutes au sol ou sur vire. On peut décider de placer un premier point haut et d’installer un équipement engagé, c’est à dire où de grosses chutes sont possibles. C’est au grimpeur de décider, au pied de la voie, s’il est assez courageux pour s ‘y lancer. Par contre, une fois le premier point mousquetonné, il ne doit plus être possible de tomber au sol ou sur une vire si on est bien assuré. C’est au deuxième, voire troisième point, que le risque de chute au sol est le plus fort. Dans la mesure du possible, il est donc préférable de ne pas placer le premier point trop bas et d’avoir un espace réduit jusqu’au deuxième et troisième points.

Placer les points dans du rocher solide : Ne pas placer un point à moins de 20 cm d ‘une zone de rocher sonnant creux (taper au marteau), d’une fissure, d’une fente, du bord d’un surplomb (même si c’est un surplomb qui n’avance que de 10 cm), d’un trou, d’une vire, d ‘une zone friable.

Un exemple doublement dangereux de ce qu’il ne faut pas faire :

1 – L’espace de 20 cm minimum entre le goujon et le bord du toit est loin d’être respecté.

2 – Le rocher s’est fendu à l’expansion.

Ne pas fragiliser le point ou le mousqueton par un porte-à-faux : La plaquette doit être à plat sur le rocher, de même que le mousqueton une fois installé.

Penser aux petits : Ne pas placer le point trop haut.

Limiter le tirage : Essayer au maximum d’aligner les points, quitte à mousquetonner tantôt à droite, tantôt à gauche (tout en évitant les mousquetonnages en croisé bien sûr). Ne pas placer un point trop près d’un toit sous peine de ne plus pouvoir avancer tellement la corde frotte contre l’angle ce celui-ci.

Ne pas gêner l’escalade : La dégaine ne doit pas reposer sur une prise.

Le mousquetonnage doit si possible s ‘effectuer dans une position facile (éviter les mousquetonnages dans les pas de bloc !).

La meilleure méthode pour éviter de se tromper est de gravir une première fois la voie pour déterminer les zones faciles et difficiles, une deuxième fois en marquant à la craie l’emplacement des futurs points, voire une troisième fois si le résultat n’est pas satisfaisant. On peut soit se faire assurer, si on a déjà installé un relais, soit essayer les pas un par un en auto-assurance.

8 – Installer les points.

Broches ou goujons ?

La pose de goujons est nettement plus rapide. Par contre, l’expansion du goujon provoque une pression importante sur le rocher, qu’il faut bien sûr éviter s’il est fragile. On est en général sûr de la solidité de l’ancrage d ‘un goujon. Les plaquettes sont en général plus voyantes, donc moins esthétiques.

La broche ne fragilise pas le rocher. Au contraire elle le renforce, grâce à la colle qui pénètre dans d ‘éventuelles fissures. Par contre, il faut vérifier la dureté de la colle après séchage. La broche est généralement plus discrète.

Goujons : Percer au diamètre du goujon et un peu plus profondément que sa longueur (afin de pouvoir l ‘enfoncer entièrement en cas de rééquipement). Souffler dans le trou (avec un petit tuyau ou un piston spécial). Enfoncer le goujon au marteau, jusqu’à amener la plaquette (déjà installée, l’écrou vissé de telle manière que la fin du filetage ne dépasse pas) à fleur de rocher. Visser jusqu’à blocage, en forçant mais sans trop. Une fois serré, l’écrou doit laisser dépasser un ou quelques filetages. Si la tête du goujon sort de plusieurs centimètres, il est probable que le rocher soit fragile en profondeur. Si on tourne l ‘écrou sans arriver à le bloquer, il y a un problème soit sur le goujon (c’est rare), soit sur le rocher, qui va peut-être éclater si on continue à serrer. Dans tous les cas, le point devra être replacé.

Voici un exemple de mauvais travail :

1- L’emplacement du point initial n’a pas été décidé en grimpant la voie. Il était trop haut.

2- Le trou de l’emplacement initial n’était pas assez profond, le goujon n’a pas pu être enfoncé entièrement dans le rocher.

Broches : Commencer à percer le trou au diamètre recommandé. Faire une gorge pour encastrer un peu la tête de la broche afin d’éviter les portes-à-faux (se référer aux préconisations du constructeur). Finir le trou en s’assurant qu’il ne soit pas trop long (percer, mettre la broche pour voir combien il reste à percer, continuer à percer, vérifier, etc.). Si le trou est trop long, il va rester de l’air au fond, qui risque de faire ressortir la broche tant que la colle n’a pas durci suffisamment. Bien nettoyer l’intérieur : Souffler dans le trou (avec un petit tuyau ou un piston spécial), brosser jusqu’au fond (goupillon, vieille brosse à dent à manche droit), souffler encore une fois. Injecter la colle dans le trou et en enduire la broche. L’enfoncer doucement en la tournant. Récupérer la colle qui sort. Taper doucement la broche au marteau pour l’enfoncer à fond. Nettoyer à l’aide d ‘un chiffon les bavures et former un joint afin que l’eau ne puisse pas pénétrer contre la broche. Il est impératif de coller les broches le même jour que le perçage et sur un rocher sec ou peu humide car le trou doit être parfaitement sec. Si on laisse passer une nuit après le perçage, le trou risque d’être humide par condensation. Le temps de prise dépend de la colle et de la température. Il faut éviter les collages par grosse chaleur (la colle prend trop vite) et par temps froid (la colle ne prend pas) : suivre les préconisations indiquées sur l’emballage. Laisser un témoin de colle au pied de la voie pour vérifier qu’elle a durci (il est arrivé plusieurs fois, qu’à cause d ‘un mauvais mélange ou d’une colle périmée, on arrive à sortir les broches à la main !).

Attention n’importe quelle colle ne doit pas être utilisée. Le Sikadur 31+ est une valeur sûre, qui prend assez lentement, mais qui nécessite de réaliser le mélange des deux composants (noir et blanc dont la couleur du mélange permet de vérifier le bon dosage avec un peu d’expérience) et qu’on est obligé de faire pénétrer dans le trou avec, par exemple, un genre de truelle de joints de carrelage (ou un gros tournevis).
Il existe d’autres colles, vendues en cartouches, où le mélange se fait automatiquement dans une buse et qu’il est facile d’injecter avec un pistolet. Mais attention, il ne faut pas utiliser le début du mélange car il est souvent mal dosé. En cas de problème dans la cartouche, le dosage peut là aussi être entièrement mauvais.
Dans tous les cas vérifier toujours après la prise que la colle est bien dure, il y a eu des accidents avec des broches qui s’arrachaient !

9 – Les points d 'assurance

Il en existe de nombreux types. On utilise des goujons, qui ne sont pas spécialement du matériel d’escalade, ou des broches (il faut choisir des broches conçues pour l’escalade).

Goujons : Les goujons doivent résister à des efforts de 1500 DAN à l’arrachement, 2500 DAN au cisaillement. Quand on équipe du haut, il est fortement conseillé d ‘utiliser des goujons de diamètre 12 mm, avec des plaquettes d ‘escalade adaptées (Ne pas repercer des plaquettes prévues pour un diamètre de 10 mm). Il est préférable d’utiliser de l’acier inoxydable de type A4, surtout dans les zones souvent mouillées. Dans les zones proches de la mer, utiliser des inox spéciaux (titane).

Broches : Leur installation est plus délicate et longue, mais contrairement aux goujons, elles ne mettent pas le rocher sous pression, ce qui est un gros avantage dans du rocher fragile ou fracturé. Pas de problème non plus de plaquette qui se dévisse. Le risque de corrosion est aussi plus faible car il n’y a qu’un seul matériau. Les broches sont vendues par certains fabricants de matériel d’escalade ainsi que par l’entreprise Colin-Milas (non inox mais résistant très bien à la corrosion).

10 – Le relais

Un relais doit comporter deux points reliés par une chaîne de gros diamètre. Les deux points doivent être éloignés de plus de 20 cm dans du rocher sain et loin de toute faiblesse (fissure, écaille, rocher sonnant creux, etc.). Ils doivent être à peu près l’un au-dessus de l ‘autre, le point du bas ayant un anneau (en général : maillon rapide de gros diamètre, mousqueton) sur lequel les grimpeurs installent leur moulinette. La chaîne doit être de gros diamètre. Si les points et la chaîne n’ont pas été reliés en usine, elle sera attachée aux plaquettes par des maillons rapides de gros diamètre. Les plaquettes et le reste du matériel d’escalade est garanti pour tenir plus de deux tonnes. On utilisera des maillons garantis pour plus de 500 kg (la marge de sécurité dans le bâtiment imposant un facteur de sécurité de 5, la solidité garantie sera donc bien supérieure). La chaîne disponible dans le commerce n’a en général aucune garantie, on utilisera donc de la grosse.

11 – Le matériel nécessaire

Un cuissard.

Un casque.

Des chaussons quand on essaye les mouvements.

Une corde statique de diamètre 10 mm ou à défaut une corde d’escalade.

Deux autobloquants, si possible un Grigri et une poignée de Jumar, avec un étrier (grande sangle).

Un descendeur (pas besoin si on a un Grigri).

Quelques grandes sangles (Pour passer autour des arbres ou dans les lunules).

Beaucoup de mousquetons (pour les amarrages et pour accrocher tout le matériel), dont quelques-uns à vis.

Des dégaines.

Un marteau.

Quelques pitons variés.

Des coinceurs.

Un crochet (pour se bloquer en pendule le temps de placer un point).

Une craie pour tracer l’emplacement des points.

Un perforateur à accumulateur ou moteur thermique avec des mèches (prévoir une mèche de secours).

Un tuyau ou soufflette pour nettoyer les trous.

Une balayette (pour enlever la poussière de perçage).

Une brosse à poil dur et une brosse à dent.

Un couteau pointu pour gratter le fond de petites fissures ou trous.

Un masque anti-poussière.

Selon le nettoyage à faire :

– Un balai brosse.
– Une brosse métallique à  » poils  » pas trop durs (à éviter d’utiliser sur un rocher qui a peu de grain).
– Un pied de biche ou barre à mine.
– Un masque de ski pour protéger les yeux.

Avec en plus :

– Pour les goujons :

Une ou des clés pour visser l’écrou des goujons et éventuellement des maillons.

– Pour les broches :

– Un goupillon.
– Des chiffons pour essuyer les bavures de colle.
– Si on utilise du Sikadur 31+ : Un petit pot pour faire le mélange, qu’on puisse accrocher au cuissard (fond de bouteille en plastique avec une anse en fil de fer). Un outil pour introduire la colle dans les trous. Une petite cuillère pour doser les composants. Des fringues bien crades qui ne craignent plus rien !