Optimiser la prévision météo

Les prévisions météo disponibles n’étant pas toujours suffisamment détaillées ou suffisamment récentes, voici de quoi les améliorer. Cela peut être très utile par temps incertain, notamment au printemps ou en été par temps instable ou bien pour affiner l’heure d’arrivée voire d’évacuation d’une zone de pluie. Pour plus de simplicité, on se limite ici à la prévision des précipitations (localisation, chronologie et intensité). On utilise les données disponibles gratuitement sur le site ou l’application smartphone de Météociel.

Deux outils pour cela :
– D’une part les radars météo, qui détectent les précipitations en temps réel avec des images disponibles toutes les 5 minutes. En lançant l’animation des dernières images, on peut voir le déplacement récent des précipitations et extrapoler ce qui va se passer dans l’heure suivante voire un peu plus loin avec plus d’incertitude. Les images ont un code couleur qui dépend de l’intensité des précipitations.
– D’autre part les modèles météorologiques, qui simulent l’évolution de l’atmosphère dans les prochaines heures et les prochains jours. Il existe de nombreux modèles météo disponibles dans le monde. Il existe aussi différents types de modèles, on ne verra ici que les « modèles à mailles fines », qui sont plus précis, mais qui ne font des prévisions qu’à des échéances courtes (jusqu’à plus ou moins 48h). Dans la suite on n’utilisera que les prévisions de précipitations du modèle Arome de Météo-France. Les images ont un code couleur qui dépend de l’intensité des précipitations.

Prévisions à très courte échéance : utilisation des images des radars

Sur ordinateur, dans le site de Météociel, choisir le menu Radar Zoom HD dans la catégorie Temps réel. On peut zoomer la carte avec Ctrl_+ et dézoomer avec Ctrl_- et lancer l’animation ou passer les images une par une.

Avec l’application smartphone, par le menu en haut à gauche choisir Cartes en direct dans EN DIRECT puis Radar puis MF – Radar Zoom HD. On peut zoomer avec les doigts.

Conseils :
– Avant d’attaquer une course en haute montagne en été, toujours regarder ces images pour voir s’il n’y a pas des orages non prévus (surtout par flux de sud-ouest en altitude). 
– Ne pas trop zoomer pour pouvoir voir des zones de précipitations qui pourraient arriver dans une ou plusieurs heures (elles peuvent se déplacer à des vitesses supérieures à 50 km/h, arrivant le plus souvent plus ou moins de l’ouest).
– Les zones bleues correspondent à de faibles intensités : peut-être à peine quelques gouttes ou rien du tout.
– Garder en mémoire que zones de précipitations peuvent apparaître ou disparaître. Un orage peut éclater au dernier moment alors qu’on ne voyait rien sur l’image radar car il n’était pas encore formé.
– À utiliser au dernier moment, on peut réactualiser les images même à la falaise avec un smartphone et une connexion 4G.

image radar avec application iOS de Météociel
Image radar avec l'application smartphone de Météociel, zoomée sur la Haute-Savoie

Prévisions à courte échéance : utilisation du modèle Arome

Sur ordinateur, dans le site de Météociel, choisir le menu AROME dans la catégorie Modèles mailles fines (on arrive par défaut sur la prévision des précipitations). On peut faire défiler les heures en les survolant à gauche de la carte.

Avec l’application smartphone, par le menu en haut à gauche, choisir Modèles dans ANALYSE puis Arome puis France puis Sud-Est puis Précipitations HD (descendre dans la liste). On peut faire défiler les heures soit en bougeant le curseur en bas de l’écran, soit en faisant glisser un doigt (vers la gauche pour aller 1h dans le futur, vers la droite pour le passé).

Conseils :
– Cela reste une prévision !
– Les zones de petite dimension ne sont pas forcément au bon endroit.
– Le modèle réactualise ses prévisions (ce qu’on appelle les « runs ») toutes les 6h, il n’est pas inutile de les consulter plusieurs fois par jour pour voire s’il y a de la variabilité, donc de l’incertitude.

précipitations du modèle Arome avec l'application smartphone de Météociel
Précipitations prévues par Arome, dans l'application smartphone de Météociel

Météo et escalade

Voyons quelques notions afin d’optimiser le choix des falaises en fonction des conditions atmosphériques.

Les inversions de températures :

Habituellement, plus on monte en altitude, plus on a froid. Mais quand se forme une inversion de température, c’est le contraire. Quand le temps est calme est dégagé, une inversion se forme systématiquement dans le fond des vallées pendant la nuit, surtout en automne et hiver où les nuits sont longues. Lors de la formation d’un bon anticyclone à cette période de l’année, on observe fréquemment de fortes inversions de température : En s’élevant de 300 à 500 m, on arrive ainsi à gagner 5 à 10 degrés, parfois 15 degrés, exceptionnellement 20 degrés ! Les fortes inversions de températures sont souvent « balisées » par une couche de brouillard ou stratus à basse altitude (éventuellement givrant) qui apparaissent comme de superbes mers de nuages lorsqu’on est au-dessus. En période hivernale, ces « grisailles » sont très fréquentes autour du Léman en dans la basse vallée de l’Arve (Bonneville Cluses), moyennement fréquentes dans la plaine d’Annecy, le bassin de Sallanches et la vallée du Giffre (Taninges, Samoëns). C’est à peu près 200 à 500 m au-dessus du sommet de la mer de nuages que l’on trouve les températures les plus douces. Dans ces situations, caractéristiques de la majorité des anticyclones de fin octobre à février, il est donc normal de grimper au soleil en T-shirt alors qu’on grelotte dans un brouillard givrant quelques centaines de mètres plus bas ! Il ne faut alors pas hésiter à monter en altitude alors que ça caille en plaine. Comment repérer ces situations : Il faut consulter le bulletin Météo-France de la Haute-Savoie. A courte échéance, le bulletin annonce toujours le sommet de la mer de nuages. Choisir alors une falaise orientée au soleil au moins 200 m plus haut (Attention, la mer de nuages est en général plus haute près du Léman, plus basse près du massif du Mont-Blanc), vérifier que le vent ne souffle pas ou choisir une falaise abritée. En cas d’absence de mer de nuages (s’il fait beau même en plaine), il faut repérer un texte indiquant un temps doux en altitude ou bien consulter l’isotherme 0 degré. En cas d’inversion de température marquée, le bulletin indique la valeur supérieure (s’il y en a deux) de l’isotherme 0 degré, en précisant qu’il y a « de l’air froid à basse altitude ». Il faut alors choisir une altitude inférieur à l’isotherme 0 degré mais pas trop basse (dans une falaise ensoleillée et sans vent, on grimpe sans problème avec une température annoncée à 5 degrés). Le plus souvent, en cas d’inversion, on observe le maximum de température entre 1200 et 1500 m.

Régime de foehn :

Lorsque qu’une perturbation gagne les Alpes alors que le vent d’altitude souffle à peu près du sud, le foehn se met à souffler sur le massif du Mont-Blanc, des précipitations se déversent sur le versant italien et le sud des Alpes alors que la Haute-Savoie reste partiellement ou totalement protégée. D’une manière générale, il est intéressant de rester en Haute-Savoie (le département français le mieux protégé par le foehn) quand sont annoncées de fortes précipitations dans le sud de la France. Dans ces situations, il est alors fréquent d’avoir un temps sec, bien prévu par le bulletin Météo-France de la Haute-Savoie alors que les bulletins nationaux annoncent de la pluie. La direction du vent d’altitude donne des indications intéressantes :
– Vent à 4000 m de sud-est : La Haute-Savoie est entièrement protégée des précipitations, sauf exceptions.
 Vent à 4000 m de sud : La Haute-Savoie est en grande partie protégée, à l’exception de l’extrême ouest (vallée du Rhône, Bellegarde), quelques petites « giclées » peuvent toucher la plaine de Rumilly, Annecy jusqu’à Genève, mais pas plus à l’est.
– Vent à 4000 m de sud-ouest et vent à 2000 m de sud : La pluie pénètre sur les plaines du département (Rumilly, Bellegarde, Annecy, Genève, Bonneville, Thonon). En général, la pluie progresse ensuite sur les Préalpes (Bornes/Aravis et Chablais) pour atteindre en dernier le pays du Mont-Blanc.
– Vent à 4000 m de sud-ouest et vent à 2000 m de sud-ouest : Il n’y a pas ou peu d’effet protecteur.
Par régime de foehn, on cherchera donc les secteurs restant bien protégés. Si on choisit la proximité du Mont-Blanc, il faudra faire attention au risque de fort vent en vallée de Chamonix,

Faible perturbation, régime de traîne :

Lorsqu’une perturbation atténuée atteint la Haute-Savoie, celle-ci peut ne pas donner de précipitation sur la plaine alors qu’elle aura une probabilité importante d’en donner sur le relief et surtout sur les Préalpes (Bornes/Aravis et Chablais). Par vent faible en altitude, il n’est d’ailleurs pas rare que les nuages n’arrivent pas jusqu’au pays du Mont-Blanc. S’il s’agit d’un régime de traîne (temps variable et froid à averses à l’arrière d’une perturbation), l’amélioration est plus rapide sur la plaine. Dans ces deux cas, il vaut mieux choisir les falaises de plaine (le Salève, les falaises d’Annecy, etc.), éventuellement des falaises de basse altitude dans les vallées, notamment au pays du Mont-Blanc.

La température :

Les bulletins météo indiquent des températures mesurées sous abri. Il faut savoir d’une part que la sensation ressentie ne dépend pas que de la température et qu’en Haute-Savoie, d’importantes différences existent à cause de différents facteurs. Ainsi, une même personne habillée de la même manière et avec la même température de l’air, aura bien plus chaud au soleil qu’à l’ombre (contrairement à l’air, le corps absorbe le rayonnement solaire et se réchauffe), elle aura bien plus froid exposée au vent que sans vent (le vent évacue l’air réchauffé par notre corps et refroidit en plus la peau par évaporation). Quant à la température de l’air à un moment donné, elle varie en fonction de l’altitude (En moyenne, on perd 2°C lorsqu’on s’élève de 300 m mais pas toujours : voir plus haut le chapitre sur les inversions de température), de la présence ou non du soleil en fonction de la couverture nuageuse et de l’exposition (Une paroi verticale, si aucune montagne ne peut masquer le soleil, devient ensoleillée en été vers 7 h/8 h en exposition sud, 13 h/14 h en ouest, devient ombragée vers 13 h/14 h en est), du vent (un vent, même faible, accentue nettement la sensation de fraicheur ou de froid). Le fond des vallées, par beau temps est soumis à une forte amplitude thermique journalière (froid au lever du jour, chaud l’après-midi), elle est typiquement de 20°C à Chamonix. En plaine, l’amplitude est nettement moins marquée, de l’ordre de 12°C. Elle est plus faible dans les versants de montagne et sur les sommets, ce qui n’empèche pas d’avoir des grosses différences de sensation entre avant et après l’arrivée du soleil, d’autant plus contre une paroi rocheuse qui va se réchauffer si elle est bien exposée. A l’automne, un paramètre prépondérant est à prendre en compte si l’on veut grimper dans de bonnes conditions : Les heures d’ensoleillements. En effet, elles ne dépendent pas que de l’exposition mais aussi des montagnes qui peuvent cacher le soleil.

Le vent :

En région de montagne, le vent, perturbé par le relief, est très variable d’un endroit à un autre, même en restant à altitude constante (Le vent à tendance à augmenter avec l’altitude). Les vents annoncés dans les bulletins météo sont des vents moyens à l’échelle de la Haute-Savoie. Ils sont généralement plus forts là où les montagnes sont basses (abords des Préalpes), plus faibles là où elles sont hautes (près du massif du Mont-Blanc, sauf en cas de régime de foehn où le vent peut-être beaucoup plus fort qu’ailleurs, surtout en vallée de Chamonix). La plaine de Rumilly, Annecy, Genève, Thonon, est soumise essentiellement au vent de sud-ouest et au vent de nord-est (la bise) puisque le vent est canalisé entre le Jura et les Préalpes. Dans les pentes de la moyenne montagne, au printemps et en été, alors que le vent météo est faible, de légers vents appelés brises se forment dans les versants ensoleillés. Ils sont surtout sensibles dans les grandes voies à partir de la deuxième longueur, où ils rafraîchissent nettement l’atmosphère même si c’est la fournaise au pied de la falaise.

La pluie et les résurgences* :

La pluie mouille les dalles mais épargne les dévers… sauf quand elle tombe en trop grosse quantité. Des résurgences sortent alors, retardant plus ou moins le séchage des voies surplombantes alors que celles peu inclinées sèchent vite. Il est difficile de savoir à l’avance où il va y avoir des résurgences après du mauvais temps. Cela dépend de la quantité d’eau contenue dans le sol avant, de l’abondance des précipitations ainsi que de leur intensité. Les forts orages ne sont pas propices à créer des résurgences durables : La pluie est tellement intense qu’une grande partie de l’eau ruisselle sans entrer dans le sol. En été, le sol a généralement tendance à sécher en profondeur. Ainsi, les premières grosses précipitations de fin d’été ou d’automne sont bien absorbées, sans que le sol n’en restitue beaucoup dans les résurgences. Par contre, une fois le sol à saturation, la moindre pluie modérée provoque de nombreuses coulées qui peuvent être très longues à sécher. Il y a des résurgences rapides, qui sortent rapidement en cas de pluie mais qui sèchent vite (quelques jours) et des résurgences lentes, qui ressortent lentement quand elles ont séché mais qui nécessitent une à plusieurs semaines de temps sec pour disparaître. Certaines falaises sont peu soumises aux résurgences*, d’autre le sont beaucoup.

La résurgence est l’ennemi public numéro un du fort grimpeur. C’est une coulée d’eau qui sort du rocher. C’est différent du ruissellement qui coule du haut de la falaise. Celui-ci se produit pendant la pluie et même après, pendant quelques heures à une journée quand il a plu très fort. L’eau de la résurgence provient de la profondeur du terrain. Celui-ci doit donc être mouillé en profondeur pour que la résurgence puisse sortir. Une résurgence peut arriver à sécher après une journée chaude et ensoleillée… et être à nouveau présente le lendemain matin, car pendant la nuit, la quantité d’eau évaporée est inférieure à celle qui sort des entrailles de la Terre.

Les résurgences qui sortent facilement après la pluie, les résurgences rapides, ont tendance à sécher vite. Celles qui sortent lentement, les résurgences lentes, sont très persistantes, même quand le temps devient sec (Jusqu’à un mois).

En général, les résurgences lentes sont rares en été pour plusieurs raisons :
– Les pluies estivales sont en général orageuses et violentes. Elles produisent beaucoup de ruissellement de surface qui ne pénètre pas dans la terre.
– La chaleur provoque souvent après la pluie une importante évaporation en surface du sol… c’est toujours ça qui n’ira pas en profondeur.
– La forte évaporation a tendance à « évaporer la résurgence » dès sa sortie, ce qui n’est guère profitable si une prise se situe juste à cet endroit.

Si quand le sol est assez humide, la première grosse pluie fait ressortir les résurgences lentes, souvent les premières grosses pluies de fin d’été ou d’automne laissent la plupart des falaises intactes car le sol, sec en profondeur, absorde tout. Mais dès que ça commence, c’est pas prêt de sécher!

Les falaises les plus longues à sécher :

– Cons-Sainte-Colombe, à droite de « Hatvey ».
– Dévers de Double Cache
– Quintal
– Grandes Suites, entre « Krypton » et la Dalle Rousse
– Fissures de la Chapelle Nord + « Long courrier »
– Grand mur du Cruz
– Suet
– Bellosset
– Pont des Gets
– Petit cirque
– Dalle de l’Oiseau rare
– La Choulière
– Ballancy